Barack Obama a interrompu sa campagne jeudi et vendredi derniers, pour aller rendre visite à sa grand-mère à Hawaï. Cette dame qui a 85 ans est tombée malade et la campagne Obama a annoncé que son état s’était brusquement détérioré. C’est la grand-mère maternelle de Barack Obama et c’est elle qui l’a élevé. C’est une décision difficile pour un candidat de quitter la campagne dans la dernière ligne droite mais les problèmes familiaux prévalent toujours. Joe Biden, le colistier de Barack Obama, s’est absenté récemment plusieurs jours lorsque sa belle-mère est morte. C’est d’ailleurs lui et Michele Obama qui animeront la campagne en l’absence du candidat.
150 millions de $
La campagne du candidat démocrate a récolté 150 millions de dollars, rien qu##au mois de septembre: Deux fois et demi son record d##août. Obama ne séduit pas que les gloires d##Hollywood, les financiers de New York, les groupes pharmaceutiques et les entrepreneurs de la high-tech, qui signent des chèques de 25 000 ou 100 000 dollars pour participer à l##un de ces dîners de gala où les candidats lèvent des fonds. À l##autre bout de la chaîne, 630 000 nouveaux « petits » donateurs en septembre, qui s##ajoutent aux 2,5 millions de contributeurs depuis qu##Obama s##est lancé, à l##automne 2007. Don moyen : 86 dollars…
Cet été, Barack Obama avait opportunément décidé de ne pas solliciter de fonds fédéraux, ce qui aurait plafonné ses dépenses de campagne. John McCain, qui a accepté l##argent public, voit ses dépenses limitées à 84 millions de dollars en septembre et octobre. Avec son trésor de guerre, Obama peut se lancer, par spots télé interposés, à la conquête de bastions républicains : la Caroline du Nord, la Virginie et, maintenant, la Virginie occidentale que les démocrates espèrent faire virer au bleu. « Nous ne pouvons faire aucune impasse, dit David Plouffe,le directeur de la campagne Obama. Nous ne voulons pas avoir des regrets le 5 novembre au matin ». John McCain, lui, a renoncé à faire campagne dans le Michigan. On n##a pas encore tout vu. Barack Obama aurait réservé une demi-heure d##antenne sur les principaux réseaux télévisés, en prime time, le mercredi 29 octobre. Un coup à plusieurs millions de dollars.
Début du vote
Barack Obama a passé la journée en Floride, un Etat clé où débutaient les opérations de vote. Dans une trentaine d’Etats américains, il est en effet permis de voter plusieurs semaines à l’avance dans un nombre réduit de bureaux. Généralement 30% du corps électoral vote avant la date officielle, soit par ce moyen, soit par correspondance. Il y avait une grande affluence pour ses opérations précoces, ce qui devrait jouer en faveur de Barack Obama.
Le candidat démocrate compte sur un afflux de nouveaux électeurs, dont il est encore difficile d’apprécier le nombre, car les listes électorales viennent tout juste d’être closes dans la plupart des Etats. Et dans certains, elles resteront ouvertes jusqu’au jour du scrutin.
Soutien de Powell
L##ancien secrétaire d##Etat du président républicain George Bush, Colin Powell apporte son soutien à Barack Obama, le candidat démocrate à la Maison Blanche. C##est ce qu##il a confirmé dimanche dans une émission télévisée de la chaîne NBC en estimant que le sénateur de l##Illinois «remplissait les critères pour diriger le pays, parce qu##il tend la main à toute l##Amérique». Tournant le dos à son parti, celui de George Bush, et à son compagnon d’armes John McCain, un Colin Powell à la voix enrhumée, à la voix enrouée, a annoncé sur NBC qu’il voterait pour Barak Obama.
Le sénateur démocrate lui semble être, par son style et son intellect, l’homme dont l’Amérique a besoin pour redorer son blason. Tout en témoignant son respect à McCain, un ami de trente ans, Powell a expliqué qu’il trouvait le parti républicain trop conservateur et qu’il ne jugeait pas Sarah Palin capable d’assurer la présidence. Le ralliement de l’ancien général, l’une des personnalités les plus populaires du pays, est un atout supplémentaire pour un Obama à qui, ces derniers jours, tout semble réussir.
Quatre grands quotidiens ont appuyé sa candidature. Samedi, à Saint-Louis du Missouri, il a tenu un meeting devant 100 000 supporters – une foule record – et il a levé en un mois la somme colossale de 150 millions de dollars; du jamais vu dans une campagne. Sur Fox News, McCain a dit ne pas être surpris par la décision de Powell. Désargenté, distancé dans les sondages, le républicain essaie maintenant, pour se rallier l’Amérique profonde incarnée par «Joe le plombier», de dépeindre son rival qui veut redistribuer la richesse comme un socialiste à l’européenne.
Carte électorale
Tous les analystes sont d’accord pour reconnaître qu’apres le troisième – et dernier – débat télévisé de la campagne présidentielle était le meilleur pour John McCain. Mais les sondages réalisés juste après l’émission ont encore une fois donné la victoire à Barack Obama, qui l’emporte largement avec 53% contre 31% pour John McCain, selon CBS, 58%-31% selon CNN. La marge est plus étroite, 49%-46%, selon Politico. A 9 jours du scrutin, la tâche se complique sérieusement pour le candidat républicain, qui n’a semble-t-il pas réussi à inverser la tendance. Il accuse un retard d’environ 7 points dans les sondages nationaux, qui n’ont qu’une valeur indicative. Un examen approfondi de la carte électorale, Etat par Etat, donne la mesure du défi qui attend John McCain.
Pour gagner le 4 novembre, un candidat doit atteindre le chiffre magique de 270 : c’est la majorité absolue du collège électoral, composé de 538 grands électeurs, répartis dans les différents Etats, selon leur poids démographique, du plus important, la Californie (ouest, 55 votes), au moins peuplé, l’Alaska (au nord-ouest du Canada, 3 votes). Or les dernières estimations, basées sur les sondages Etat par Etat, placent désormais le démocrate Barack Obama au-dessus de cette barre fatidique des 270 votes du collège électoral.
La carte électorale ne cesse de bleuir (aux Etats-Unis, le bleu est la couleur des démocrates, le rouge celle des républicains), surtout si on la compare à celle de 2004 où les Etats « rouges », remportés par George Bush, dominaient largement. Il y a quatre ans, le démocrate John Kerry n’avait pas réussi à s’imposer au delà des classiques Etats « bleus » dans le nord-est et sur la côte-ouest.
Les 50 Etats ont été répartis en cinq catégories :
– Bleu foncé : Etat solidement dans le camp démocrate
– Bleu clair : Etat où la tendance est plutôt favorable aux démocrates
– Rouge foncé : Etat solidement dans le camp républicain
– Violet : Etat où la tendance est plutôt favorable aux républicains
– Gris : « swing state », Etat où les sondages sont trop serrés pour donner une tendance claire. Au 16 octobre, RealClearPolitics dénombre 7 Etats indécis : le Nevada, le Missouri, l’Indiana, l’Ohio, la Virginie occidentale, la Caroline du Nord et la Floride.