Durant les entretiens entre le président Hosni Moubarak et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, les deux côtés ont passé en revue les préparatifs égyptiens pour l##organisation d##une conférence internationale au sujet de la reconstruction de Gaza, prévue le 2 mars. D’autre part, le président israélien Shimon Peres a entamé ses consultations pour la formation du prochain gouvernement que Tzipi Livni (Kadima, centre) et Benjamin Netanyahu (Likoud, droite) veulent diriger. Le président Peres a recu, les représentants de Kadima puis du Likoud avant de s##entretenir avec les chefs des autres partis jeudi, notamment le dirigeant du parti d##extrême-droite Israël Beitenou, Avigdor Lieberman.
Droite victorieuse
Selon le journal Maariv, des pourparlers se déroulent actuellement dans le plus grand secret concourant à la mise en place d##une «grande coalition» regroupant Kadima, le Likoud et le Parti travailliste. L’union de ces trois formations pourrait changer la donne et permettre d’enrayer le blocage politique, mais elle serait probablement impuissante à sortir les pourparlers de paix israélo-palestiniens de l’impasse. Bien que Livni l’ait emporté sur Netanyahu, elle semble peu en mesure de pouvoir créer une coalition majoritaire en vue d’assumer le poste de Premier ministre et être chargée de former le nouveau gouvernement. Netanyahu ne se voit pas entrer dans une coalition avec Kadima sans en prendre la tête, alors que la droite est majoritaire.
Il semble que le chef du Likoud demeure favori et plus en mesure d’être choisi par le président Shimon Pérès. Ce dernier dispose d’une semaine après la publication des résultats officiels pour entamer des consultations avec les différents partis représentés au Parlement et désigner le futur successeur d’Ehud Olmert, toujours en fonction. À l’issue de cette nomination, le nouveau Premier ministre aura devant lui seulement six semaines pour former le nouveau gouvernement. Selon le politologue Abraham Diskin de l##université hébraïque de Jérusalem, les chances de Tzipi Livni sont presque nulles.
Quant à Avigdor Lierberman, qualifié de vrai gagnant des élections en raison de son pouvoir de trancher en faveur d##un côté ou de l##autre, il serait normalement plus favorable à la création d##un gouvernement de droite. Ce personnage controversé, aux déclarations incendiaires, considéré comme «fasciste» par la gauche israélienne, n’a cessé d’attirer de nouveaux sympathisants en faisant reposer sa campagne sur la décision de retirer aux Arabes israéliens la citoyenneté s’ils se montraient hostiles à la reconnaissance solennelle de l’État juif.
La formation d’un gouvernement nationaliste où les petits partis religieux et le Yisraël Beïtenu s’allieraient autour du Likoud augurerait le pire en matière de pourparlers israélo-arabes. On connaît les positions intransigeantes du Shass (11 sièges) qui entend préserver le statut de Jérusalem comme «capitale éternelle et indivisible» d’Israël alors que les requêtes palestiniennes ne démordent pas sur la volonté de faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur État.
Dans ces conditions, le nouveau chef de la Maison-Blanche, Barak Obama, qui a rappelé la nécessité impérieuse de ranimer les négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne pour éviter tout retour à la violence au Proche-Orient après la crise à Gaza, semble bénéficier d’une marge de manœuvre très mince et hériter d’un chaos paroxystique de part et d’autre qui va à l’encontre de toute perspective de paix. Dans ce contexte, Tzipi Livni, la ministre des Affaires étrangères se dit favorable à l’abandon de la “moitié de la terre d’Israël” en échange d’un retour au calme avec les Palestiniens. En faisant l’annonce de l’éventuel projet d’abandon de terres en échange de la paix, la ministre se démarque ainsi de la droite conservatrice de Netanyahu.
Trêve à Gaza
Par aillieurs, le président Hosni Moubarak a déclaré que Le Caire poursuivra ses efforts pour renforcer une trêve dans la bande de Gaza malgré l##insistance israélien à libérer son soldat Gilad Shalit avant toute trêve. “La libération du soldat israélien Gilad Shalit est un dossier séparé et ne peut pas être liée à la trêve”, a affirmé Moubarak, martelant que la position égyptienne sur la trêve restait inchangée. Moubarak a exhorté à la réconciliation palestinienne, estimant que le problème palestinien “ne peut pas être résolu vu l##actuelle division palestinienne”. Il était confiant dans le succès du dialogue interpalestinien, prévu au Caire ce 22 février, affirmant que le dialogue aura un bon succès “étant donné que nous cherchons les droits légitimes”.
Shalit et Marche arrière
Par contre, le Premier ministre israélien Ehud Olmert a juré de ne pas présenter de plan de cessez-le-feu au gouvernement qui n##incluait pas le retour de Shalit. A Damas, le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, a fait porter à Israël “la responsabilité des entraves aux efforts égyptiens pour parvenir à la trêve, en ajoutant une condition de dernière minute”. “Le dossier Shalit sera réglé lors d##un échange (entre ce dernier) et nos prisonniers dans les geôles israéliennes”, a ajouté Mechaal.
Moubarak a accusé Israël d##avoir partiellement fait marche arrière dans ces négociations qui visent à obtenir une trêve à long terme après l##offensive israélienne meurtrière de 22 jours à Gaza, qui a pris fin il y a exactement un mois. “L##Egypte ne changera pas de position par rapport à la trêve, la question du soldat israélien Gilad Shalit est une question séparée qui ne peut d##aucune manière être liée aux négociations sur la trêve”, a-t-il dit.
Ce revirement d##Olmert a même été critiqué par Amos Gilad, le principal responsable israélien des négociations avec l##Egypte, a indiqué le quotidien Maariv. “Je ne comprends pas ce qu##ils (au bureau d##Olmert) essaient de faire. Insulter les Egyptiens? Nous les avons déjà insultés. C##est de la folie, de la pure folie. L##Egypte est notre dernière alliée dans la région”, a affirmé Amos Gilad dans des propos tenus à un de ses proches et cités par le Maariv.
Selon les commentateurs, le Premier ministre, fort du soutien de la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni et du ministre de la Défense Ehud Barak, devrait faire adopter sa proposition. “C##est comme cela que ça marche au Proche-Orient: pas de Shalit, pas de trêve et pas d##ouverture des points de passage”, a déclaré à la radio publique Meir Shetreet, membre du cabinet de sécurité et ministre de l##Intérieur. Gilad Shalit a été capturé le 25 juin 2006 en territoire israélien, à la lisière de la bande de Gaza.
Soutien russe
Le président Moubarak, s##est entretenu avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov des efforts déployés actuellement par l##Egypte pour consolider le cessez-le-feu dans la bande de Gaza entre les groupes palestiniens et Israël. Ils ont également parlé des négociations de médiation, proposées par l##Egypte pour mettre fin au désaccord et réaliser la réconciliation entre les divers groupes palestiniens, en particulier entre le Fatah et le Hamas. L##Egypte s##est engagée à mener des négociations intensives entre les groupes palestiniens et Israël dans le but de parvenir à un cessez-le-feu à long-terme à Gaza après la réalisation d##un cessez-le-feu unilatéral le 18 janvier dernier entre les deux côtés qui a mis fin aux attaques israéliennes de 22 jours contre Gaza.