Le président soudanais Omar El Béchir a effectué mercredi dernier une visite en Egypte, malgré le mandat d##arrêt délivré à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI) le 4 mars dernier. El Béchir a été conforté par la décision de la Ligue arabe, qui regroupe 22 pays, de ne pas appliquer le mandat d##arrêt, bien que trois de ses membres soient signataires de la charte fondatrice de la CPI. La visite en Egypte du président soudanais apparaît comme une nouvelle provocation, après sa décision d##expulser 13 organisations humanitaires internationales du Darfour, par mesure de rétorsion contre la CPI. La Cour pénale internationale l##accuse de crimes de guerre et crimes contre l##humanité dans cette région, au cours du conflit qui a fait 2,7 millions de déplacés et 300.000 morts depuis six ans, selon les Nations unies. Après la visite qu’il a effectuée en Erythrée il y a quelques jours, Omar El Béchir semble déterminé à défier la CPI. Il a également ignoré la Fatwa émise par les Oulémas du Soudan lui interdisant les voyages à l’étranger de peur de l’exécution du jugement d’arrestation à son encontre. Il est parti à l’aventure et encourt le risque d’arrestation en quittant le Soudan, mais il était peu probable que ceci survienne en Egypte qui entretient des relations étroites avec son voisin, outre l’appel qu’elle a adressé au Conseil de Sécurité pour suspendre le mandat d’arrêt. L’Egypte n’est pas également membre de la convention de Rome portant création de la CPI. La visite en Egypte a été consacrée à l’examen des développements survenus au sujet du mandat d’arrêt. El Béchir s##est déjà rendu en Erythrée, pour son premier voyage à l##étranger depuis le mandat d##arrêt international lancé par a CPI à son encontre. Ni l##Erythrée, ni l##Egypte ne sont signataires de la charte de la CPI, tout comme le Qatar, où Omar El Béchir prévoit aussi de se rendre, pour assister à un sommet de la Ligue arabe la fin du mars. Le Premier ministre qatari, qui s##est rendu au Soudan pour inviter personnellement El Béchir au sommet, a affirmé que son pays avait subi des “pressions” pour ne pas le recevoir, selon l##agence de presse officielle du Qatar. “Nous respectons la justice internationale et nous respectons la participation du président El Béchir (au sommet) et nous l##accueillons. C##est une décision purement soudanaise”, a-t-il expliqué. El Béchir comparé à Saddam! Dans ces conditions, plusieurs politologues occidentaux ont signalé que le président soudanais Omar El Béchir est en train de préparer une tragédie qui ressemblera peut être à celle que nous avait jouée Saddam Hussein. Il ne peut s##empêcher de s##approcher toujours plus du gouffre. Certes, il paraît moins isolé au niveau arabe et régional que Saddam Hussein à l##époque de sa chute en 2003, parce qu##il n##a pas envahi de pays arabe. Mais il n##en reste pas moins qu##il est accusé de crimes de guerre et qu##il a laissé dégénérer un conflit tribaloéconomique en conflit ethnopolitique. Certaines grandes puissances le poussent à s##entêter, mais il aurait tort de se fier trop à la Chine et à la Russie. Ces deux pays ont mis des bâtons dans les roues du Conseil de sécurité qui voulait adopter une résolution condamnant le renvoi des organisations d##aide au Darfour. Mais ils avaient également contribué à soumettre la question du Darfour au Tribunal pénal international. Le régime d##Omar El Béchir ne se rend pas compte qu##il est proche du gouffre et qu##il pourrait bien connaître le même sort que celui de Saddam Hussein. El Béchir peut se sentir encouragé par la sympathie des populations arabes, qui estiment que la justice internationale pratique le “deux poids deux mesures”. Mais Saddam Hussein avait bénéficié de la même sympathie, et cela ne lui a servi à rien. Certes, la position de la Cour pénale internationale peut paraître scandaleuse après le massacre de Gaza, mais cela n##autorise pas El Béchir à mener le Soudan à sa perte. Le régime soudanais a raté l##occasion de régler la crise du Darfour en temps et en heure. Si le président soudanais avait pris au sérieux le plan présenté en juillet 2008 par le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, la crise n##aurait pas pris les dimensions qu##elle a aujourd##hui. Ce plan est toujours d##actualité, bien que la situation se soit considérablement compliquée depuis le moment de son élaboration. Les Arabes pourraient encore contribuer à une solution, si et seulement s##ils veulent bien se montrer responsables. Guérilla contre l##Occident De sa part, le numéro deux d##Al Qaïda, Aymane Al Zaouahri, a exhorté les Soudanais à se préparer à une guérilla contre l##Occident, après le mandat d##arrêt émis par la (CPI) contre le président Omar Hassan El Béchir pour crimes de guerre au Darfour. “Préparez-vous en vous entraînant, en vous équipant, en stockant et en vous organisant pour une longue guerre de guérilla, parce que la Croisade des temps modernes vous montre ses crocs”, dit le bras droit d##Oussama ben Laden dans un enregistrement audio diffusé sur internet. Par ailleurs, “la question n##est pas celle du Darfour et de la résolution de ses problèmes. Il s##agit de trouver un prétexte à une ingérence étrangère accrue dans les pays musulmans, dans le cadre de la campagne contemporaine des croisés sionistes”, poursuit-il, proposant de traduire en justice l##ancien président américain George Bush, le Premier ministre russe Vladimir Poutine et les dirigeants israéliens. “En fait, pourquoi n##ont-ils pas jugé (l##ancien président américain Harry) Truman qui a ordonné le largage des premières bombes atomiques de l##histoire sur Hiroshima et Nagasaki?”, s##interroge Zaouahri. Légende: Sommet Moubarak-El Béchir au Caire.