C##est mardi dernier qu##a eu lieu le lancement par James H. Billighton, ancien professeur d##Harvard et directeur de la Library of Congress, de la Bibliothèque Numérique Mondiale, un site réunissant des sommes de contenus venus de plusieurs pays, et gratuitement accessibles pour les internautes. Destinée à aider à la « compréhension humaine mutuelle », la réalisation de ce projet aura nécessité l##intervention de plusieurs institutions culturelles, dont la BNF, la bibliothèque d##Alexandrie, ou encore le concours de la Bibliothèque du Congrès (Library of Congress, USA), qui héberge le site et s##occupe de la maintenance. Sur le site, une frise chronologique permet de sélectionner en faisant défiler les années, les objets que l##on souhaite voir apparaître. Ainsi, on pourra filtrer au fil des siècles les contenus numérisés ou les photos, les enregistrements sonores – peu nombreux au XIe siècle, par exemple – mais aussi les films et gravures, etc. Des recherches thématiques sont aussi possibles, recouvrant cette fois toutes les cultures, mais selon leurs approches propres. Avec le soutien de l##Unesco et d##institutions partenaires, la Bibliothèque numérique mondiale ouvre ses portes. On est encore loin d##un accès universel au patrimoine culturel de l##humanité ! 24 heures après son lancement officiel (www.wdl.org). Parmi ces documents, l##internaute pourra notamment étudier: le Hyakumanto Darani (764), la première version imprimée de la Déclaration d##indépendance américaine (1776), un court métrage des frères Lumières (1896) ou encore un premier enregistrement de la Marseillaise (1898). Contrairement à d##autres projets, Google Book Search (7 millions d##ouvrages numérisés) ou Europeana (4,6 millions de documents), la BNM privilégie la qualité à la quantité. Tout de même, il lui faudra agréger un nombre plus conséquent de sources primaires, livres rares, manuscrits, cartes, enregistrements, photographies, dessins… pour intéresser un public de non-initiés. Aujourd##hui, seuls 1250 documents sont disponibles, mais bien d##autres arriveront par la suite. Les recherches peuvent s##effectuer en sept langues différentes – anglais, arabe, chinois, espagnol, français, portugais et russe – bien que les documents accessibles soient originaires de plus d##une quarantaine de langues. A l##heure actuelle, la bibliothèque numérique de l##Unesco ne contient que 1500 documents en comparaison à Europeana et Google Book Search, les deux autres bibliothèques sur le web qui référencent respectivement 2 et 7 millions d##ouvrages. Pas de compétition cependant entre ces 3 bibliothèques, une coopération avec Europeana est possible afin de pouvoir partager les sources disponibles et cela dans un objectif de complémentarité. Alors que Europeana et Google proposent uniquement des ouvrages et se basent sur du quantitatif, la BNM propose des manuscrits, photos, films, enregistrements sonores, etc. et se base sur une approche beaucoup plus qualitative en sélectionnant méticuleusement les documents numérisés. Le coeur de cible de cette BNM réside avant tout dans les chercheurs mais l##élargissement aux jeunes générations est possible afin que celle-ci puisse comprendre le monde et l##aborder d##une autre manière. On vous livre les six pépites à ne pas rater parmi les 1.250 documents, pas toujours très sexy, que compte cette nouvelle bibliothèque en ligne. 1. Une séquence des frères Lumière Ce petit film d’une dizaine de minutes date de 1896. «Il s’agit de courts métrages réalisés par les frères Lumière décrivant deux manifestations traditionnelles à Séville, en Espagne, telles qu##elles se déroulaient dans les dernières années du 19ème siècle: la Semaine Sainte et la tauromachie», est-il expliqué. D’accord, c’est muet et en noir et blanc, mais c’est quand même fascinant. 2. Le graphique du Gulf Stream Ca nous change des Google Maps, mais c’est bel et bien une carte. Gravée dans les années 1790, elle montrait déjà le courant circulant entre le continent américain et la péninsule ibérique. 3. Une course de chèvres L’Angleterre fait courir des chiens, la France des chevaux, mais sur ce cliché pris à Trinité-et-Tobago en 1980, il s’agit d’une course de chèvres. «Dans le sport de la course de chèvres, les jockeys courent derrière les chèvres pour les presser, faisant de la course un test d##endurance et de vitesse tant pour l##animal que pour l##homme». 4. La déclaration d##indépendance américaine Ceci est la première version imprimée de la Déclaration d##indépendance américaine par rapport à la Grande-Bretagne. Un manuscrit qui date du 7 juin 1776 (avant sa proclamation, le 4 juillet 1776). 5. La Marseillaise en son L’hymne tel qu’il avait été enregistré en 1898, à une époque où capter un son (et le restituer) était sacrément complexe. Explications: «En 1893, Henri Lioret, horloger de métier, a mis au point un cylindre conique de celluloïd monté sur un cadre en laiton capable d##enregistrer du son. Les premiers de ces cylindres, appelés “anneaux de serviette”, ont été utilisés presque exclusivement dans des poupées parlantes; mais Lioret a augmenté ensuite la taille des anneaux, ce qui a permis l##utilisation pour l##enregistrement et la relecture du son.» 6. Le manuscrit de la «Bible du diable» Cela n’a l’air de rien, mais ce manuscrit date du 13è siècle. Aussi appelé «Codex Gigas», il provient de la Bohême, l##un des territoires tchèques historiques. Sa particularité? Sa représentation saisissante en pleine page du diable.