Le système financier mondial reste soumis à très rude épreuve, à l##heure où la crise s##étend aux ménages, aux entreprises et aux banques, tant dans les pays avancés que dans les pays émergents. Le ralentissement de l##activité économique pèse encore plus lourdement sur les bilans des banques, dont les actifs continuent de se dévaloriser, compromettant ainsi leurs ratios de fonds propres et l##ouverture de nouveaux crédits. La croissance du crédit marque le pas, ou devient même négative, ce qui freine davantage l##activité économique.
De vastes opérations d##ajustement du secteur privé et de relance par l##État ont déjà été engagées et contribuent à donner les premiers signes de stabilisation. Il faudra malgré tout d##autres mesures énergiques et efficaces et une plus grande coopération internationale pour entretenir ce redressement, rétablir la confiance du public dans les institutions financières et normaliser les marchés. La tâche prioritaire consiste à enrayer la spirale baissière des interactions entre le système financier et l##économie mondiale. Un travail prometteur a déjà été engagé pour repenser le système financier mondial et offrir une assise plus stable et plus adaptable à une croissance économique soutenue.
Pour remettre le secteur financier d##aplomb, il faut adopter des politiques propres à dissiper les tensions sur les marchés de financement des banques et des entreprises, à assainir le bilan des banques, à rétablir les flux de capitaux internationaux (notamment vers les pays émergents), et à maîtriser les effets pervers des mesures adoptées pour combattre la crise. Autant d##objectifs qui exigeront une farouche détermination politique dans une conjoncture éprouvante, ainsi qu##une coopération internationale plus énergique. À en juger d##après l##issue du sommet du G-20 du début du mois d##avril, cette volonté et cette détermination internationales à s##attaquer aux problèmes soulevés par la crise gagnent en intensité.
Si les bilans des banques ne sont pas assainis en profondeur, pour en purger les actifs compromis, et parallèlement restructurés, voire recapitalisés, les problèmes bancaires risquent de continuer à freiner l##activité économique. D##après nos meilleures estimations, certes fondées sur une série d##hypothèses, la dépréciation des actifs d##origine américaine depuis le début de la crise jusqu##en 2010, tous détenteurs confondus, passerait de 2.200 milliards de dollars (édition de janvier 2009 du Rapport sur la stabilité financière dans le monde – Actualité des marchés financiers) à 2.700 milliards de dollars, principalement du fait de la dégradation du scénario de référence de croissance économique. Dans la présente édition, les estimations de dévalorisation s##étendent aux actifs provenant d##autres marchés matures, et si les données qui sous-tendent ces scénarios présentent une plus grande incertitude, il en ressort toutefois que les pertes de valeur pourraient atteindre près de 4.000 milliards de dollars, montant qui pour deux tiers concernerait les banques.