L##envoyé spécial du président américain, Barack Obama, pour le Moyen-Orient, George Mitchell, est arrivé mardi dans l##après-midi en Egypte, première étape de sa tournée régionale pour initier une paix durable dans la région. A son arrivée à l##aéroport international du Caire, Mitchell s##est entretenu à huis clos avec le chef de la politique étrangère de l##UE, Javier Solana. A l##aéroport, Mitchell s##est également entretenu avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, avant que ce dernier ne se rende en Suisse pour participer au Forum économique de Davos. Le porte-parole du département d##Etat américain, Robert Wood, avait déclaré que, du 26 janvier au 3 février, Mitchell se rendrait en Israël, en Egypte, en Cisjordanie, en Jordanie et en Arabie saoudite. Il devrait également s##arrêter à Paris et à Londres.
Renforcer la trêve
L##émissaire américain George Mitchell, qui a poursuivi mercredi sa première visite au Proche-Orient par des rencontres en Egypte et en Israël, a souhaité un renforcement de la trêve, fragile, conclue il y a dix jours entre l##Etat hébreu et le Hamas. Parallèlement, des avions israéliens pilonnaient des tunnels utilisés pour faire de la contrebande dans la Bande de Gaza en représailles à la mort, la veille, d##un soldat israélien tué par l##explosion d##une bombe. Moins d##une semaine après sa nomination par Barack Obama, George Mitchell est arrivé mardi en Egypte, étape inaugurale d##une tournée d##au moins huit jours destinée à consolider le fragile cessez-le-feu dans la Bande de Gaza et relancer les pourparlers de paix israélo-palestiniens. L##ancien sénateur américain s##est entretenu avec le président Hosni Moubarak. Devant les journalistes, George Mitchell a qualifié de “crucial” le fait que le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Gaza soit prolongé et que les Etats-Unis continuent à soutenir la médiation de l##Egypte dans les négociations. George Mitchell s##est ensuite rendu à Jérusalem où il s##est entretenu avec le président israélien Shimon Peres et le Premier ministre Ehud Olmert.
Après sa rencontre avec Ehud Olmert, George Mitchell a affirmé que “la consolidation du cessez-le-feu” était “d##une importance cruciale”. Il a ajouté qu##un cessez-le-feu à long terme devait être basé sur “la fin de la contrebande et la réouverture des points de passage” avec Gaza, qui sont restés fermés une grande partie du temps depuis la prise du pouvoir par le Hamas en 2007. Mitchell n##a pas donné de détails sur le contenu de ses rencontres. Il a affirmé qu##après avoir terminé ses consultations dans la région et avec les Européens, il fera état de ses conclusions à Barack Obama et à la secrétaire d##Etat Hillary Clinton, en vue des prochaines étapes. “Les Etats-Unis sont engagés à rechercher vigoureusement une paix durable et la stabilité dans la région”, a déclaré Mitchell.
A Jérusalem
Israël a menacé d##”agir” dans la bande de Gaza en riposte à la mort d##un de ses soldats dans une attaque à l##explosif, au moment où le nouvel émissaire américain George Mitchell entamait une visite à Jérusalem dans le cadre de sa première tournée régionale. Recevant Mitchell, le Premier ministre israélien Ehud Olmert a déclaré qu##il était important que l##Autorité palestinienne “reprenne pied” dans la bande de Gaza, dont elle a été chassée en 2007 par le Hamas islamiste, a indiqué un haut responsable israélien. Olmert a également souligné, d##après ce responsable, qu##une “ouverture permanente des points de passage avec la bande de Gaza” était “liée à la question du soldat Gilad Shalit”, enlevé en juin 2006 et détenu par le mouvement islamiste. Il a aussi fait savoir que le cessez-le-feu, en place depuis le 18 janvier, “serait observé et évalué en fonction d##un retour au calme total, la fin des tirs de roquettes, des activités terroristes, et de la contrebande d##armes”. “Si le Hamas tire, nous riposterons”, a indiqué le responsable, citant toujours Olmert. De son côté, Mitchell a déclaré à la presse qu##il avait discuté avec Olmert “de l##importance critique de consolider le cessez-le-feu, y compris par une cessation des hostilités, la fin de la contrebande et la réouverture des points de passage sur la base des accords de 2005”. Ces accords prévoient notamment la présence de membres de l##Autorité palestinienne au point de passage de Rafah, entre la bande de Gaza et l##Egypte.
A Gaza, le Hamas a revendiqué le tir de trois obus de mortier sur une unité israélienne qui effectuait une incursion limitée dans le centre du territoire. Des témoins ont confirmé ces tirs contre quatre chars, à la hauteur du secteur où un soldat israélien a été tué mardi dans une attaque à l##explosif non revendiquée, à la frontière entre Israël et Gaza. Quelques heures plus tôt, des appareils israéliens avaient bombardé des tunnels de contrebande reliant le sud de la bande de Gaza à l##Egypte, en riposte à l##attaque anti-israélienne. L##armée avait déjà mené mardi des raids de représailles, tuant un Palestinien. Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a annulé un voyage aux Etats-Unis prévu mercredi. Il a participé à une réunion du cabinet restreint de sécurité composé également de Olmert et de la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, pour examiner l##éventualité d##une riposte plus élargie à Gaza, selon une source gouvernementale.
Artisan de la paix
A noter que l##ancien sénateur, âgé de 75 ans, né d##un père irlandais et d##une mère libanaise, George Mitchell est considéré comme l##un des artisans de la paix en Irlande du Nord. Il est aussi un bon connaisseur du Proche-Orient: en 2000, il avait présidé une commission internationale chargée de trouver les moyens de faire cesser la violence entre Palestiniens et Israéliens. Il a rencontré Obama à la Maison Blanche, en présence de la secrétaire d##Etat, Hillary Clinton, peu avant son départ pour Le Caire, première étape d##une tournée de huit jours.
La cause de la paix au Proche-Orient est importante pour les Etats-Unis, “elle est importante pour moi personnellement”, a dit le président américain en accueillant l##émissaire dans le Bureau ovale. “La tâche du sénateur Mitchell, c##est de s##engager de manière vigoureuse et constante pour obtenir de véritables progrès”, a ajouté Obama. Barak Obama a ainsi dit avoir confié à Mitchell pour mission de dire “combien nous considérons cette question comme urgente”. Il lui a aussi demandé d##écouter les différents acteurs régionaux pour savoir ce qu##ils pensent. “De manière plus immédiate, nous espérons que le sénateur Mitchell pourra nous donner des idées sur la manière de solidifier le cessez-le-feu (entre Israël et le mouvement radical Hamas dans la bande de Gaza) pour assurer la sécurité d##Israël et faire en sorte que les Palestiniens de Gaza reçoivent les approvisionnements de base dont ils ont besoin”, a-t-il dit. Une visite en Turquie, qui a été envisagée mais n##a pu être confirmée en raison de conflits d##emplois du temps, pourrait aussi se concrétiser. Obama, qui a nommé jeudi M. Mitchell émissaire pour le Proche-Orient, avait alors annoncé que ce dernier irait “dans la région dès que possible”.
M. Obama a annoncé investir M. Mitchell de tous les pouvoirs nécessaires pour remettre sur les rails le processus de paix, aujourd##hui enlisé.
L##administration de George W. Bush, qui a pulvérisé des records d##impopularité dans la région, a échoué dans son ultime tentative de conclure un accord de paix israélo-palestinien dans le cadre fixé à la conférence d##Annapolis en 2007.
En envoyant M. Mitchell, “je tiens ma promesse disant que nous n##attendrons pas la fin de ma présidence pour nous occuper de la paix entre Palestiniens et Israéliens, que nous allons commencer dès à présent”, a dit M. Obama.
Il a aussi indiqué lui avoir donné pour consigne de “commencer par écouter parce que, trop souvent, les Etats-Unis commencent par dicter les choses”. Mais, “au bout du compte, ce n##est pas à nous de dire aux Israéliens ou aux Palestiniens ce qui vaut mieux pour eux. Il va falloir qu##ils prennent certaines décisions”.
Si le cap est fixé de parvenir à un règlement négocié, l##urgence et le défi pour la nouvelle administration américaine est d##intervenir pour sortir de la crise de Gaza.
Jusqu##à présent, les Etats-Unis sont restés à l##écart des discussions menées par les Egyptiens et les Européens pour la reconstruction du territoire palestinien où les destructions ont été aussi massives que les pertes humaines.
Pour Robert Malley, directeur Moyen Orient du centre de réflexion International Crisis Group (ICG), l##administration Obama va être “face à des dilemmes et des défis compliqués” qu##elle aurait préféré traiter plus tard.
“Quel rôle pourront jouer le Hamas et l##Autorité palestinienne dans la reconstruction ? Quel rôle joueront les Etats-Unis dans la perspective d##une possible réconciliation palestinienne ? Voici les questions du lendemain de la guerre”, a-t-il dit.
Legendes:
Rencontre Moubarak-Mitchell au Caire.
2
Rencontre Pérès-Mitchell à Jérusalem.