Un mini sommet s’est tenu mercredi dernier à Riyad, en Arabie Saoudite. Le roi Abdallah a invité les présidents égyptien Hosni Moubarak et syrien Bachar Al Assad, auxquels s##est joint l’émir du Koweït cheikh Sabah Al-Ahmed Al-Sabah. Les dirigeants ont discuté de questions d##intérêt commun et préparé le terrain au sommet de la Ligue arabe qui doit se tenir le 30 mars à Doha, selon des sources diplomatiques à Riyad. En invitant simultanément Hosni Moubarak et Bachar Al Assad, le roi Abdallah confirme un tournant diplomatique amorcé le 19 janvier, lors du sommet de Koweit, à l##issue des 22 jours de bombardements sur Gaza. Le souverain saoudien a réuni autour de lui son plus fidèle allié, le chef de l##Etat égyptien et son homologue syrien, mis au ban depuis l##assassinat en février 2005 de Rafik Hariri, l##ancien Premier ministre libanais. Quatre ans plus tard, l##Arabie Saoudite, en perte de vitesse face à l##offensive diplomatique qatarie, forte de l##accord de Doha du 21 mai 2008 sur le Liban, et face à l##expansionnisme idéologique de l##Iran, veut resserrer les rangs avant le sommet de la Ligue arabe prévu le 30 mars au Qatar. Efforts de réconciliation A l##heure où les Américains prennent langue avec Damas, le monarque saoudien ne pouvait faire moins. Mais il veut aussi recréer l##unité derrière son initiative de paix au Proche-Orient. Au Koweit, le roi Abdallah avait lancé: «Israël doit réaliser que le choix entre la guerre et la paix ne sera pas éternel et que l##initiative arabe actuellement sur la table ne le sera pas indéfiniment». Rappelons que l##initiative saoudienne, relancée en 2007, propose la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes en échange du retrait israélien des terres occupées depuis 1967, de la création d##un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale et un règlement du problème des réfugiés palestiniens. Sans la rejeter, Israël n##a jamais donné suite à cette initiative. Selon un responsable arabe proche de Riyad, l’Arabie saoudite tend à travers son rapprochement de la Syrie de rallier Damas au rang arabe et de briser son alliance avec l’Iran. Il a ajouté sous le sceau de l’anonymat que le rapprochement syro-saoudien va aider à l’apaisement au Liban et à la tenue d’élections libanaises. La Syrie tend, quant à elle, à rompre l’isolement international que les Etats-Unis veulent lui imposer, signale-t-il. Les efforts de réconciliation qu’a connus le sommet du Koweït en janvier dernier, n’ont pas réussi à circonscrire totalement les différends entre l’Egypte et la Syrie, même s’ils avaient contribué à combler le hiatus entre Ryadh et Damas. Avec cette rencontre, l’Egypte et l’Arabie saoudite, chefs de file des puissances arabes modérées, tendent la main à la Syrie, le principal allié arabe de Téhéran, et soutien déclaré du mouvement chiite libanais Hezbollah et du Hamas palestinien. Front arabe Ce sommet constitue un véritable “geste” de la part du royaume wahhabite, tout en rappelant que les deux poids lourds sunnites qui sont l’Egypte et l’Arabie Saoudite ont soutenu l’offensive israélienne sur Gaza en dénonçant le Hamas. Les dirigeants égyptien et saoudien cherchent une alternative à la situation actuelle dans la région, où la division des pays arabes laisse une porte ouverte à l’Iran. Ils veulent imaginer un front arabe contre les prétentions nucléaires iraniennes et c’est pour eux le moment de convaincre Damas de modifier sa politique dans la région. Selon des sources diplomatiques saoudiennes, les trois dirigeants ont abordé des problématiques régionales afin de préparer le sommet de la Ligue arabe prévu le 30 mars à Doha (Qatar). Mais ce sommet marque un réel tournant dans l’équilibre des forces dans la région. L##Arabie Saoudite ainsi que l##Egypte sont en froid avec la Syrie, après avoir été, pendant de longues années, de proches alliés dans le cadre de la Déclaration de Damas, un processus de concertation et de coopération mis en place après la libération en 1991 du Koweït au terme de sept mois d##occupation irakienne. Riyad et Damas s##opposent aussi sur le processus de paix au Proche-Orient et les efforts en vue de consolider le cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza. Les pays arabes, divisés entre pro et anti-Hamas, n##étaient pas parvenus à se mettre d##accord sur la réponse à apporter au récent conflit de Gaza, lors du sommet économique de Koweït. Actions d’Obama Ce sommet quadripartite intervient moins d’une semaine après la visite de deux émissaires américains à Damas. Une première depuis 2005. L’administration Obama a émis le souhait de se reprendre le dialogue avec la Syrie. Les Etats-Unis seraient les premiers à applaudir un rapprochement de Damas avec les puissances arabes modérées vu la situation clé du pays et son rôle stratégique dans la région. Pour les Etats-Unis, l’Egypte et l’Arabie Saoudite, la stabilisation de l’Irak passe par le dialogue avec la Syrie. On sait que c’est le passage obligé des djihadistes, et des armes, en direction d’Irak, mais aussi du Liban et de Gaza. A noter que Barack Obama a rompu avec la politique de l’administration Bush qu’il considère comme une politique du bâton exclusif, qui n’a pas fonctionné. Ils allient maintenant le bâton à la carotte pour pousser la Syrie à quitter le giron iranien. Le mini-sommet de Riyad survient au lendemain du lancement au Caire d##un cycle de réunions de réconciliation entre les formations rivales palestiniennes, dont le Fatah du président Mahmoud Abbas et les islamistes du Hamas, avec l##objectif de créer d##ici la fin mars un gouvernement d##union.