Sitôt entré en fonction lors d##une investiture historique, le président Barack Obama s##est mis au travail et sa première décision a visé la prison de Guantanamo, symbole des excès de la présidence Bush qu##il a promis de fermer dès que possible.
Porté par une énorme liesse populaire, Barack Obama, 47 ans, premier président noir des Etats-Unis, avait pris possession mardi de la Maison Blanche, saluant le triomphe de “l##espoir” sur “la peur” à l##heure où les Etats-Unis sont confrontés à deux guerres et une crise économique majeure.
Parmi ses promesses de campagne, il avait annoncé que la fermeture de la prison de Guantanamo, à Cuba, serait l##une de ses toutes premières décisions.
Avant même de donner l##ordre de fermeture, il a choisi de suspendre pendant 120 jours les procédures judiciaires d##exception devant les tribunaux de Guantanamo, portant un premier coup à ce système controversé créé en 2006 par le gouvernement de George W. Bush pour juger les suspects de terrorisme.
Tôt mercredi matin, quelques heures après avoir achevé en compagnie de son épouse Michelle la tournée des bals en son honneur, il a assisté à une traditionnelle prière en la cathédrale de Washington, puis rejoint le Bureau ovale pour ses premiers rendez-vous de travail.
Voeux du pape Benoît XVI
Le pape Benoît XVI a souhaité qu##il se fasse “le promoteur de la paix et de la coopération entre les nations”.
Dans un télégramme rendu public mardi 20 janvier, Benoît XVI a adressé au nouveau président américain ses « bons vœux cordiaux » et l’a assuré de ses prières.
« Je souhaite que le peuple américain continue de trouver dans son imposant héritage religieux et politique les valeurs spirituelles et les principes éthiques nécessaires à la construction d’une société juste et libre », a-t-il affirmé.
Cette société doit être « marquée par le respect pour la dignité, l’égalité et les droits de chacun de ses membres, particulièrement les pauvres, les exclus et les sans voix », ajoute Benoît XVI.
« En un temps où tant de nos frères et sœurs à travers le monde aspirent à se libérer des fléaux de la pauvreté, de la faim et de la violence, je prie pour que vous vous trouviez confirmé dans votre résolution à promouvoir la compréhension, la coopération et la paix parmi les nations, afin que tous puissent goûter au banquet de la vie que Dieu veut dresser pour toute la famille humaine (Isaïe 25, 6-7) », conclut le Pape, avant d’invoquer la bénédiction de Dieu sur le nouveau président, sa famille et « tout le peuple américain ».
Bush quitte pour son cher Texas
George W. Bush a définitivement quitté la Maison Blanche et est rentré dans son cher Texas (sud) mardi après avoir entendu son successeur Barack Obama prêter serment et appeler à “rebâtir l##Amérique” qu##il lui laissait.
L##ère Bush s##est achevée officiellement le 20 janvier 2009 à 12H00 (17H00 GMT). A ce moment-là, M. Bush n##était déjà plus que l##un des spectateurs de l##histoire en marche au Capitole, où M. Obama s##apprêtait à jurer solennellement sur la bible ayant appartenu à son modèle Abraham Lincoln de défendre la Constitution.
Selon un rituel politique américain, M. Bush avait accueilli M. Obama plus tôt à la Maison Blanche. Vers 10H45, ils étaient montés dans la même limousine noire blindée pour prendre la direction du Capitole.
Le vice-président, Dick Cheney, l##air sombre, était sorti avant eux poussé sur une chaise roulante parce qu##il s##était froissé un muscle du dos la veille en bougeant des cartons de déménagement.
Avec le départ de M. Bush de la Maison Blanche se concrétisait la fin d##une présidence de huit années marquées par la guerre et les épreuves et achevées dans la pire crise économique depuis longtemps.
La boucle a été bouclée après la prestation de serment quand, par symétrie républicaine, c##est M. Obama qui a accompagné les Bush à l##hélicoptère attendant devant le Capitole.
Tout au long de la journée de mardi, une ferveur populaire sans précédent et les félicitations des dirigeants du monde entier avaient porté le jeune président démocrate jusqu##à la Maison Blanche, accompagné de son épouse et de leurs deux filles, Sasha et Malia.
Plus de deux millions de personnes, beaucoup les larmes aux yeux, ont assisté à la prestation de serment de Barack Obama sur le Mall, l##immense esplanade du coeur de Washington.
Comme le veut la tradition, le président a levé la main droite et posé la gauche sur la Bible d##Abraham Lincoln, son modèle en politique.
“Moi, Barack Obama, je jure solennellement de remplir les fonctions de président des États-Unis fidèlement, et, dans toute la mesure de mes moyens, de sauvegarder, protéger et défendre la Constitution des États-Unis”, a-t-il déclaré, avant de prononcer son discours d##investiture.
M. Obama a félicité ses compatriotes d##avoir “préféré l##espoir à la peur” en l##élisant président.
A l##adresse du monde, il a assuré que les Etats-Unis étaient “prêts à nouveau à jouer (leur) rôle dirigeant”.
Dans la foule, l##émotion était particulièrement forte chez les nombreux Américains d##origine africaine venus acclamer leur héros malgré le froid.
Barack Obama, fils d##un Kényan venu étudier aux Etats-Unis, a évoqué la question raciale en soulignant qu##il y a moins de 60 ans, son père “n##aurait peut-être pas pu être servi dans un restaurant de quartier”, alors que lui-même pouvait aujourd##hui “prêter le serment le plus sacré”.
Face à la menace du terrorisme, Barack Obama a prévenu les extrémistes du monde entier qu##ils ne réussiraient pas à affaiblir les Etats-Unis. “Nous vous vaincrons”, a-t-il lancé. Il a promis que les troupes américaines allaient “commencer à laisser l##Irak à son peuple de façon responsable”, près de six ans après l##invasion de ce pays sur ordre de M. Bush.
Il a proposé au monde musulman “une nouvelle approche, fondée sur l##intérêt et le respect mutuels”.
A propos de la récessi on qui frappe les Etats-Unis, M. Obama a estimé que l##économie américaine, “gravement affaiblie”, avait été victime de “la cupidité et de l##irresponsabilité de certains”.
Prenant le contre-pied de la politique de l##administration sortante, il a assuré que les Etats-Unis travailleraient “inlassablement” pour “faire reculer le spectre du réchauffement de la planète”.
Le couple Obama, lui en smoking noir et noeud papillon blanc, elle en longue robe blanche, a terminé la journée sur une note plus légère, en participant aux dix bals officiels donnés pour l##investiture.
Immense espoir dans le monde
L##investiture mardi de Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, a suscité confiance et espoir chez la plupart des dirigeants politiques à travers le monde, teintés parfois de scepticisme sur sa capacité à relever les immenses défis auquel il va être confronté.
“Je pense n##avoir jamais vu la communauté internationale attendre autant de l##élection d##un président américain”, résumait mardi Madeleine Albright, secrétaire d##Etat sous la présidence démocrate de Bill Clinton.
Après la prestation de serment de M. Obama, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a salué le début d##un “nouveau chapitre dans l##histoire américaine comme dans l##histoire du monde”.
Le président français Nicolas Sarkozy s##est dit “résolu à travailler main dans la main” avec lui pour “relever ensemble les immenses défis” du monde.
“Affronter ensemble les défis actuels: la crise financière, la situation au Moyen-Orient et en Afghanistan”, c##est ce à quoi l##a invité également le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi.
Le président de la République italienne, Giorgio Napolitano, a estimé qu##avec lui les Etats-Unis s##efforceront de retrouver “un consensus moral” estimant que “la force de l##Amérique s##appuie essentiellement sur la profondeur de ses convictions et de ses idéaux”.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a quant à lui appellé l##Europe et les Etats-Unis à “joindre leurs efforts pour traiter les grands défis de notre époque”.
Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a affirmé placer “beaucoup d##espoir et de confiance” en Barack Obama, tandis que M. Sarkozy lançait: “On a hâte qu##il se mette au travail et qu##on change le monde avec lui”.
“C##est un moment extraordinaire pas seulement pour le peuple d##Amérique, mais pour tous ceux à travers le monde qui croient à la démocratie, à la liberté et au progrès”, a déclaré le Premier ministre australien, Kevin Rudd.
D##autres mettaient cependant en garde contre les espoirs excessifs. Car Obama hérite, à 47 ans, d##un pays aux prises avec deux guerres – en Irak et en Afghanistan – et avec une crise économique majeure, confronté à des défis multiformes, de la lutte contre le réchauffement climatique au conflit du Proche-Orient.
Il bénéficie d##un “état de grâce mondial” mais n##a pas de “baguette magique”, soulignait mardi le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner.
Son homologue iranien, Manouchehr Mottaki, attendait de voir “les actions politiques” du nouveau président pour juger de ses intentions à l##égard de l##Iran.
Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a, quant à lui, ouvertement exprimé son scepticisme en se disant “profondément convaincu que les plus grandes déceptions naissent de grands espoirs”.
Paris comme Berlin ont souligné par ailleurs que l##Europe devait continuer à tenir sa place sur la scène diplomatique.
La chancelière allemande, Angela Merkel, en particulier a souhaité une coopération marquée “par une écoute réciproque”, estimant “qu##un pays ne peut résoudre seul les problèmes du monde”, même si, a-t-elle ajouté, les Etats-Unis sont “la clé” pour surmonter la crise économique.
La Chine a elle aussi exprimé mardi ses attentes, appelant Barack Obama à lever les “obstacles” qui entravent la coopération militaire avec Washington.
En Europe de l##Est, le président ukrainien, Viktor Iouchtchenko, a salué “le soutien des Etats-Unis” aux efforts de son pays pour rejoindre l##Otan, source de tensions avec Moscou, et appelé Barack Obama à poursuivre sur cette voie.
Le président polonais, Lech Kaczynski, s##est déclaré confiant que le nouveau président des Etats-Unis réaliserait le projet de déployer en Europe le bouclier antimissiles américain.
Le chef du Parlement cubain, Ricarco Alarcon, a estimé “très intéressant” le discours d##investiture du président Obama. “C##est un grand orateur”, a-t-il dit. Quant à savoir s##il pourra répondre aux espoirs énormes qu##il suscite, “ca reste pour moi un grand signe d##interrogation”, a-t-il ajouté.
Pour sa part la présidente argentine, Cristina Kirchner, a jugé le discours “très positif”, estimant qu##il confirme “les espérances” qu##Obama a suscité.
“Je sais que dans la mesure où il réussira à sortir les Etats-Unis de leur problème économique, il nous aidera aussi, nous autres Mexicains”, a indiqué le président du Mexique, Felipe Calderon, résumant l##espoir de biens d##autres pays.
Le président vénézuélien Hugo Chavez n##a pas manqué de souligner que la révolution au Venezuela “se poursuivra quel que soit le président des Etats-Unis et sa politique étrangère”.
“La crise économique et les conséquences sociales qu##elle génère constituent un défi gigantesque pour le nouveau gouvernement”, a noté de son côté la présidente chilienne, Michelle Bachelet.
Le vice-ministre nicaraguayen des Affaires étrangères, Valdrack Jaenske, a souhaité que M. Obama établisse une relation “d##égal à égal dans le concert mondial” avec “les pays plus petits et plus pauvres”.
Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, s##est dit certain que les Etats-Unis et Israël seraient sous la présidence Obama “des partenaires à part entière pour promouvoir la paix et la stabilité au Proche-Orient”.
Le roi Mohammed VI du Maroc a souhaité qu##il oeuvre à un règlement du conflit au Proche-Orient qui mette fin au “drame du peuple palestinien” alors que le président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, s##est dit “convaincu” qu##il ne ménagerait “aucun effort” pour l##instauration de la paix dans la région.