Le Premier ministre israélien sortant, Ehud Olmert, a rejeté les conditions du Hamas pour la libération du soldat Gilad Shalit dans le cadre d##un échange de prisonniers, laissant ainsi entrevoir l##échec de sa dernière tentative de règlement du problème. De source politique, on rapporte que les discussions ont buté sur le refus d##Olmert de libérer 450 Palestiniens purgeant des peines de prison de longue durée pour actes de terrorisme en échange de Shalit. Celui-ci a été enlevé en 2006. La rupture des pourparlers visant à libérer Shalit peut constituer un revers sérieux pour les négociations menées par l##intermédiaire de l##Egypte afin de consolider le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Elle risque aussi d##affecter les efforts occidentaux pour obtenir la levée du blocus israélien de la bande de Gaza contrôlée par le mouvement islamiste. Olmert, qui doit quitter son poste dans deux semaines, a assuré que les démarches destinées à faire libérer Shalit ne cesseraient pas, mais il a fait clairement comprendre au pays, dans une intervention télévisée en direct, que son rôle arrivait peut-être à son terme. “Nous avons des lignes rouges. Nous ne les franchirons pas”, a déclaré Olmert d##un air sombre. Le mouvement islamique Hamas a accusé Israël d##empêcher l##échange de prisonniers en revenant sur certains points sur lesquels les deux parties s##étaient mises d accord. Israël accuse le Hamas d##ajouter des conditions pendant les négociations indirectes pour échanger le soldat israélien Gilad Shalit. Israël a accepté la libération de plus de 450 prisonniers. Le bureau du Premier ministre israélien a fait savoir que le Hamas a fait d##autres demandes dans le cadre de l##accord concernant Shalit. Droite intransigeante Le Premier ministre pressenti en Israël, Benjamin Netanyahu (Likoud), semble se résigner, à un cabinet restreint de droite après un accord avec le parti ultranationaliste Israel Beiteinou du très controversé Avigdor Lieberman, auquel pourrait revenir le poste de chef de la diplomatie. «Nous sommes d##accord sur tous les principes», a affirmé à la presse le député du Likoud Guidéon Saar, après avoir paraphé un accord de coalition avec Israël Beiteinou. Le gouvernement qui se profile, très marqué à droite, a suscité des réactions inquiètes, notamment de l##Egypte et de la Jordanie, les deux pays arabes ayant conclu des traités de paix avec Israël. «Nous sommes confrontés à un facteur négatif, qui potentiellement peut créer des dégâts» dans le processus de paix, a déclaré le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit, à Bruxelles. Netanyahu préfère une large coalition comptant en son sein des partenaires modérés plutôt qu##une coalition étroite et instable uniquement composée de partis tenants de la ligne dure, qui pourrait avoir des difficultés à gouverner et susciter l##hostilité de la communauté internationale en rejetant la création d##un Etat palestinien indépendant aux côtés d##Israël. Reste que l##actuelle ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, la dirigeante du parti centriste Kadima, demeure opposée à la participation à un gouvernement qui ne serait pas engagé en faveur d##un accord de paix avec les Palestiniens. Netanyahu a rencontré le président Shimon Pérès pour l##informer de ses initiatives visant à former une coalition dans le sillage des législatives du 10 février. Il a jusqu##au 3 avril pour mener sa tâche à bien. Le Premier ministre-désigné a “exprimé l##espoir d##un gouvernement d##unité. Netanyahu et Pérès ont tous deux fortement désiré que cela se produise”, a précisé Dina Libster, porte-parole du Likoud. Netanyahu peut aisément former une coalition comprenant des ultranationalistes et des partis religieux juifs ultraorthodoxes. Mais il a affirmé qu##il préférait compter sur le soutien de partis centristes pour apporter plus de stabilité au gouvernement. La porte-parole du Likoud Dina Libster a précisé que l##accord de coalition comprenait une disposition stipulant que les deux partis étaient prêts à former un gouvernement qui compterait dans ses rangs des partenaires modérés comme le parti Kadima de Tzipi Livni. Cette formulation laisse de fait la porte ouverte au maintien de Mme Livni à son poste de ministre des Affaires étrangères si celle-ci devait rejoindre une telle alliance. Netanyahu doit sceller des accords avec d##autres partis pour bénéficier d##une majorité au Parlement qui compte 120 sièges. Le Likoud a obtenu 27 sièges en février, et Israel Beitenou, 15. Kadima a lui décroché 28 sièges, mais Netanyahu a été choisi pour former le prochain gouvernement, une majorité de parlementaires le préférant à Tzipi Livni au poste de Premier ministre. Deux Etats pour deux peuples Mais la piste “Kadima” n’est pas non plus tout à fait abandonnée. Le parti de Tzipi Livni exige encore cependant, pour pouvoir s’engager, que le programme de gouvernement stipule la nécessité de “deux Etats pour deux peuples” (Israël et les Palestiniens). Ce que Benjamin Netanyahu rejette. Le Premier ministre israélien devait de toute façon se présenter jeudi devant le Parlement pour faire connaître son équipe. Netanyahu rejette l##idée d##un Etat palestinien et évoque plutôt une “paix économique” prévoyant l##amélioration des conditions de vie des Palestiniens en Cisjordanie aux plans économique et de la sécurité. L##Egypte s##est dit préoccupée pour la paix au Proche-Orient face à la perspective d##un gouvernement “d##extrême-droite” en Israël après l##accord entre le Likoud et la formation d##Avigdor Lieberman, tandis que l##Union européenne se veut encore prudente. “Nous sommes confrontés à un facteur négatif, qui potentiellement peut créer des dégâts” dans le processus de paix, “à savoir l##émergence d##un gouvernement d##extrême-droite en Israël”, a déclaré le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit à Bruxelles. Il s##exprimait lors d##un débat de l##Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne, bras parlementaire de l##Union pour la Méditerranée (UPM), réunie à Bruxelles. Si les membres du futur gouvernement qui se dessine sous la direction de Benjamin Netanyahu “appliquent ce dont ils ont parlé ces dernières années, nous allons être confrontés à de très sérieuses difficultés et à la plus extrême des situations”, a ajouté le ministre Aboul Gheit. Aux termes de cet accord, Israël Beitenou va notamment obtenir le ministère des Affaires étrangères, qui doit revenir au chef de ce parti Avigdor Lieberman. Parmi les autres formations qui pourraient entrer dans la future coalition figurent le Shass (ultra-orthodoxes), la Liste Unifiée de la Torah (ultra-orthodoxes) ainsi deux partis d##extrême-droite, l##Union Nationale et le Foyer Juif. La veille, le ministre palestinien des Affaires étrangères Riad Malki s##était également inquiété de voir un “gouvernement anti-paix” arriver au pouvoir en Israël. Le diplomate en chef de l##UE Javier Solana a répété lui aussi matin que les Européens seront “prêts à travailler normalement avec un gouvernement israélien qui accepterait de travailler pour une solution à deux Etats”. “Si ce n##était pas le cas, la situation serait différente”, a-t-il ajouté à son arrivée à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l##UE. Pour sa part, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a appelé à ne pas faire d##ostracisme. “Il faudra, et je souhaite qu##il soit le plus ouvert possible, travailler avec le gouvernement israélien”, a-t-il dit. “Ne nous contentons pas de rejeter les interlocuteurs qui se présentent, sinon nous n##aurons plus d##interlocuteurs”, a-t-il lancé lors du débat de l##Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne.
Benjamin Netanyahu arrive à la Knesset, à Jérusalem