Maurice Druon de Reyniac, né le 23 avril 1918 à Paris et mort le 14 Avril 2009, est un écrivain et un homme politique français, membre de Académie française dont il a été le secrétaire perpétuel durant quatorze ans, et ministre des Affaires culturelles entre 1973 et 1974.
Maurice Druon est baigné par son ascendance dans la littérature : il est le neveu de l##écrivain Joseph Kessel, arrière-petit-fils d##Antoine Cros, troisième et dernier arrière-petit-neveu du poète Charles Cros, et l##arrière arrière-petit-fils d##Odorico Mendes, homme de lettres brésilien, protecteur du 17e fauteuil de l##Académie brésilienne des lettres. Son père, Lazare Kessel, natif d’Orenbourg en Russie, immigre à Nice en 1908 avec ses parents juifs d##origine lituanienne, et son frère aîné Joseph. Lauréat du premier prix du Conservatoire, il est pensionnaire de la Comédie-Française. Il se suicide par balle à l##âge de 21 ans avant d##avoir reconnu son enfant, qui prend à sept ans le nom de René Druon de Reyniac, notaire dans le Nord, avec qui sa mère s##était mariée.
Il passe son enfance à La Croix-Saint-Leufroy, en Normandie, où il fait la connaissance de Pierre Thureau-Dangin, fils du secrétaire perpétuel de l##Académie française, Il fait ses études secondaires au lycée Michelet de Vanves. Lauréat du Concours général en 1936, il commence à publier, à l’âge de dix-huit ans, dans les revues et journaux littéraires tout en étant élève à la Faculté des lettres de Paris puis à l## École libre des sciences politiques (1937-1939).
Résistant et écrivain à succès
En septembre 1939, appelé par les obligations militaires, il publie dans Paris-Soir de Pierre Lazareff, un article intitulé « J##ai vingt ans et je pars ». Élève officier de cavalerie à École de Saumur en1940, il participe lors de la Campagne de France aux combats des cadets de Saumur sur Loire. Démobilisé, il reste en zone libre, et fait représenter sa première pièce, Mégarée, au Grand Théâtre de Monte-Carlo le 3 février1942. Il s##engage dans la Résistance. Il devient l##aide de camp du général François d##Astier de la Vigerie, puis attaché au programme « Honneur et Patrie » de la BBC auprès d##André Gillois, avant de partir en mission à Alger pour le Commissariat à l’intérieur et à l’information et de devenir correspondant de guerre auprès des armées françaises en 1944 jusqu’à la fin des hostilités. Il écrit alors avec Kessel en mai 1943 le Chant des partisans qui, sur une musique composée par Anna Marly, devient l##hymne aux mouvements de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale.
À la Libération, il se consacre à la littérature et publie ses souvenirs de guerre dans la Dernière Brigade en1946. Avec son roman Les Grandes Familles en1948, premier de la trilogie « La Fin des hommes » (avec « La Chute des corps » et « Rendez-vous aux enfers »), il reçoit le Prix Goncourt qui lui donne une place dans le Paris littéraire. En1953, sa pièce en un acte, Un Voyageur, entre au répertoire de la Comédie-Française avec une mise en scène de Jean Piat, et il publie avec Joseph Kessel, la pièce Le Coup de grâce. Puis il accède à la célébrité avec le succès de sa saga historique littéraire Les Rois maudits publiée à partir de 1955, et adaptée en 1973 à la télévision. Maurice Druon n##a jamais caché que sa série « Les Rois maudits » avait été le résultat d##un travail d##atelier. Avec ces deux sagas, ainsi que les romans mythologiques Alexandre le Grand et les Mémoires de Zeus, il semble se spécialiser dans le roman historique, réputé « écrivain pessimiste », tout en s##aventurant dans la littérature jeunesse avec Tistou les Pouces verts et en écrivant des nouvelles.
Après divers prix prestigieux, dont le prix Pierre de Monaco qui récompense l##ensemble de son œuvre à 48 ans en1966, il est élu, le 8 décembre de cette même année, au 30e fauteuil de l’Académie française, succédant à Georges Duhamel. Il participe entre 1969 et 1970 à la Commission de réforme de l##Office de radiodiffusion télévision française.
Ministre des Affaires culturelles
Le résistant gaulliste reste engagé politiquement durant toutes ces années. Peu à peu, le romancier laisse à l##écrivain engagé et au polémiste, publiant tour à tour l##Avenir en désarroi où il analyse les mouvements de Mai 68, Une église qui se trompe de siècle dans lequel il critique l##évolution de l##Église catholique ou une édition augmentée de ses Lettres d’un Européen, publiées initialement durant la guerre, et dans lesquelles il prend partie pour une Europe des Nations avec monnaie unique et suppression des frontières. Maurice Druon est nommé en 1973 ministre des Affaires culturelles par Georges Pompidou. La nomination de cette figure historique du gaullisme, seul membre du gouvernement à ne pas être élu, homme de lettres popularisé par ses succès littéraires et l##adaptation télévisuelle des Rois Maudits, résistant ne cachant pas son goût pour l##ordre, doit permettre de calmer une majorité échaudée par le projet du Centre Beaubourg.
Ainsi, quand il menace les directeurs de théâtre subversifs de leur couper les subventions en proclamant que « les gens qui viennent à la porte de ce ministère avec une sébile dans une main et un cocktail Molotov devront choisir », il fait craindre à l##aspiration d##un art officiel et provoque la polémique : après la parution dans le Monde de la réponse de Roger Planchon puis de celle de Jean-Louis Barrault qui dénonce « le clairon de la répression culturelle », une procession funèbre silencieuse symbolisant la mort de la liberté d##expression rassemble le 13 mai 1973, à l##initiative de plusieurs metteurs en scène, dont Ariane Mnouchkine, Jean-Pierre Vincent, Jean Jourdheuil et Bernard Sobel, avec le soutien de la gauche, plusieurs milliers de manifestants.
Sous son ministère, doté d##un budget d##environ 0,5 % du budget de l##État, pas encore grevé par les travaux de Beaubourg, est créée l##Association française pour les célébrations nationales, tandis que la Caisse nationale des Lettres du ministère de l##Éducation nationale est transférée, sous le nom de Centre national des Lettres, à celui des Affaires culturelles, avec des attributions élargies à l##aide aux auteurs et à la littérature francophone non française. Non reconduit en 1974 par Valéry Giscard d##Estaing, il entre au comité central de la nouvelle formation gaulliste, le Rassemblement pour la France, et siège à son conseil politique en 1979 et1980. Vingt ans plus tard, il critique dans une tribune du Figaro le parti de Jacques Chirac auquel il dénie la filiation à Charles de Gaulle et qu##il juge n##avoir été conçu que comme « un ascenseur destiné à hisser un présidentiable ».
Secrétaire perpétuel de l##Académie française
Secrétaire perpétuel à partir du 7 novembre1985 en remplacement de Jean Mistler, il limite l##évolution de l##Institutt, critiquant l##élection de la première académicienne, Marguerite Yourcenar, en craignant que « d##ici peu vous ayez quarante bonnes femmes qui tricoteront pendant les séances du dictionnaire ». Il ouvre la Coupole aux auteurs francophones et contribue à y faire entrer des grands noms tels Fernand Braudel, Claude Lévi-Strauss.
Déclarant dans son discours de réception à l##Académie en 1967 que « la civilisation est d’abord un langage », il intervient régulièrement sur l##évolution, qu##il souhaite très lente, de la langue française face à la société, particulièrement hostile sur la féminisation des noms de métiers. Il publie Lettre aux Français sur leur langue et leur âme en1994 et Le Bon Français en 1999. Il abandonne le secrétariat perpétuel en octobre 1999, au profit d’Hélène Carrère d##Encausse, afin de pouvoir lancer librement l##essai polémique, La France aux ordres d##un cadavre (ce cadavre étant le communisme), puis Ordonnances pour un État malade. Devenu au 1er janvier suivant, secrétaire perpétuel honoraire, il conserve sa position de « gardien du Temple », et s##oppose virulemment à l##entrée sous la Coupole du quai Conti de l##ancien Président de la République, Valéry Giscard d##Estaing, en 2003.
Il continue à prendre la parole sur la politique française, prenant parti pour Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007. Il collabore également comme chroniqueur irrégulier au Figaro, rassemblant ses écrits en plusieurs ouvrages dont Le Bon français (1996-1999) et Le Franc-parler (2001-2002).
À la mort dHenri Troyat, en 2007, l##ancien benjamin des « Immortels » devient le doyen d##élection. Amoureux des vieilles pierres, il découvre en1965 et restaure après l##avoir racheté le site gallo-romain de Thésée avant d##en faire don au département en 1976, il milite pour la reconstruction du Palais des Tuileries, et s##installe dans les années 1970 dans les ruines de l##abbaye de Faize (XIIe siècle), sise aux Artigues-de-Lussac, où il choisit d##être inhumé.
Grâce aux Rois maudits qui furent traduits en de nombreuses langues et à la série télévisée vendue à des chaînes étrangères, Maurice Druon acquiert une notoriété internationale importante. Il est membre de plusieurs académies, comme celles d##Athènes, du royaume du Maroc et l##Académie roumaine.