La première Chambre préliminaire de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé qu##elle rendrait publique le 4 mars sa décision au sujet de la requête présentée le 14 juillet 2008 par le procureur aux fins de la délivrance d##un mandat d##arrêt contre le président soudanais Omar Al Béchir. “La décision sera rendue publique par la voie normale d##un communiqué de presse et d##une publication sur le site Internet de la Cour”, indique un communiqué cité par le service d##information de l##ONU. Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, avait demandé le 14 juillet 2008 aux juges de la CPI de lancer un mandat d##arrêt contre le président soudanais pour génocide, crimes contre l##humanité et crimes de guerre. La CPI, dont le siège est à La Haye, a été mis en place selon le Traité de Rome en juillet 1998 adopté par la Conférence diplomatique de plénipotentiaires des Nations Unies et une existence légale depuis 2002. Plus d##une centaine de pays ont ratifié le statut de la CPI et accepté son autorité. La cour mène des enquêtes et engage des poursuites à l##encontre de personnes accusées des crimes les plus graves ayant une portée internationale – génocide, crimes contre l##humanité et crimes de guerre. La CPI accuse le président soudanais d##avoir envoyé les troupes gouvernementales sous ses ordres combattre au Darfour, la région-ouest du Soudan, des combats qui ont tué plus de 300.000 personnes depuis le début du conflit il y a six ans. La cour affirme que M. El Bechir a utilisé les milices Djandjawis par procuration pour attaquer le Darfour. Refus total Le Soudan a qualifié de “fuite tendancieuse” cette annonce. L##annonce de la CPI est une “tentative visant à déstabiliser le pays. Le gouvernement d##unité nationale ne sera pas ébranlé par cette fuite tendancieuse”, a déclaré le sous-secrétaire aux Affaires étrangères, Mutrif Siddiq. Ce dernier a rappelé, dans une déclaration à l##agence de presse officielle Suna, que Khartoum ne reconnaissait pas la CPI et donc que ce tribunal n##était pas compétent pour le Soudan. Le chef du principal mouvement de rébellion soudanais, Justice et Egalité (JEM), a quant à lui estimé qu##un mandat d##arrêt contre le président Omar Al Béchir signifierait “la fin de sa légitimité” à diriger le pays. Il a également affirmé: “Nous allons agir fortement pour faire tomber” le président Al Béchir, ajoutant que “s##il ne coopère pas avec la CPI, la guerre va s##intensifier”. Autrement dit, le gouvernement soudanais a réaffirmé son “refus total” de traiter avec la Cour pénale internationale (CPI). “Le Soudan n##est pas un membre de la CPI, donc la CPI n##a pas de mandat sur le Soudan”, a indiqué Mutrif Sidiq. Selon certains médias occidentaux dont Washington Post et New York Times, la CPI a déjà, en fait, décidé de lancer un mandat d##arrêt contre le président soudanais, sous l##inculpation de génocide et crimes de guerre. Conséquences dangereuses Dans ce contexte, l##Egypte a mis en garde contre le danger que représenterait pour le Darfour, région de l##ouest du Soudan en guerre civile, un mandat d##arrêt international contre le président soudanais Omar Al Béchir, lors d##une visite de ce dernier au Caire, la semaine dernière. Un “mandat d##arrêt contre le président Al Béchir aurait des conséquences dangereuses sur la situation au Darfour et au Soudan en général”, a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence égyptienne Souleimane Awad, à l##issue d##entretiens entre le président Hosni Moubarak et son homologue soudanais. Selon le porte-parole, Moubarak a demandé aux dirigeants internationaux de s##abstenir de soutenir l##émission d##un mandat d##arrêt par la Cour pénale internationale (CPI). Ahmed Aboul Gheit, ministre des Affaires étrangères a pour sa part réaffirmé “le soutien total de l##Egypte au Soudan et à tous les efforts pour la stabilisation et la pacification” de ce pays et appelé “la communauté internationale à aider le gouvernement soudanais à remplir ses engagements vis-à-vis de ses citoyens”. L##ambassadeur du Soudan au Caire, Abdel Moneim Mohammed Mabrouk, a salué la prise de position égyptienne, se déclarant “satisfait du résultat de la visite” en Egypte du président soudanais. “L##Egypte a toujours fait preuve de fermeté dans sa défense du Soudan”, a-t-il dit, ajoutant que Khartoum craignait qu##un mandat d##arrêt ne complique les négociations de paix entre les autorités soudanaises et les rebelles du Darfour. Les juges de la CPI doivent annoncer sous peu l##émission ou non d##un tel mandat contre le président Al Béchir, accusé de crimes de guerre et contre l##humanité au Darfour. Cette guerre a fait 300.000 morts et 2.7 millions de déplacés depuis 2003 selon l##ONU. Khartoum chiffre à 10.000 le nombre de morts. Le Soudan, soutenu par l##Union africaine et la Ligue arabe, veut le report d##un an de l##émission du mandat d##arrêt. Présence du Qatar La visite d’Al Béchir survient alors que Khartoum et les rebelles du Mouvement pour la justice et l##égalité (le plus militarisé des groupes rebelles du Darfour) ont signé à Doha une lettre d##intention prévoyant la tenue de négociations sur un accord-cadre en vue d##une conférence de paix au Darfour. A la suite de cet accord, Khartoum a annoncé à l##occasion de la visite de l##émir du Qatar, Hamad ben Khalifa Al-Thani, la libération de 24 prisonniers impliqués dans la guerre au Darfour. Le secrétaire général de l##ONU Ban Ki-moon a salué cet accord qui “représente une avancée constructive dans le cadre des efforts continus pour parvenir à une conclusion pacifique dans ce long conflit”. Le document marque “un tournant important” et doit ouvrir la voie à un accord-cadre en vue d##une conférence de paix, a déclaré le Premier ministre qatari, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, lors de la conférence de presse. Cheikh Hamad avait indiqué que ces négociations devraient être lancées dans deux semaines. Ibrahim a invité les autres parties concernées par le conflit du Darfour à s##impliquer dans ces négociations. L##ambassadeur du Soudan à Doha, Abdallah Al-Fakiri, a précisé que les deux parties tablaient sur un “accord de paix définitif dans trois mois” et s##étaient engagées à faciliter la distribution de l##aide internationale aux déplacés du Darfour. Le JEM, qui n##avait pas signé un accord de paix de 2006, que seule une des multiples factions rebelles du Darfour avait accepté, avait lancé en mai 2008 un assaut d##une ampleur sans précédent contre la capitale soudanaise. Une faction du SLA (Sudan Liberation Army) conduite par Abdel Wahid Mohammed Nour, exilé à Paris, refuse tout pourparlers en tablant sur l##aboutissement de la procédure judiciaire internationale contre le président Béchir, menacé d##un mandat d##arrêt de la Cour pénale internationale (CPI). Legende: Sommet Moubarak-Al Béchir au Caire.