Obama fait rêver les progressistes du monde entier. Lors des élections américaines, nous n##avons entendu que ses discours remplis d##espérance. “Yes, we can!”. Palin et Mc Caïn s##efforçaient d##endiguer ce formidable courant, mais l##opinion publique internationale était devenue sourde au discours républicain. Ce couple improbable incarnait les excès désastreux de la politique impériale. Quelques voix chagrines faisaient cependant remarquer que Bush avait été réélu et que l##Amérique n##était pas censée se désavouer aussi vite. Non, nous sommes passés d##une extrême à l##autre. L##opinion publique ne veut plus se faire par la raison. L##apocalypse, le rêve, le messianisme. L##Amérique était en croisade pour ses valeurs et la conquête des champs pétrolifères. C##est terminé ! La voilà qui rêve d##en finir avec la ségrégation raciale, l##égoïsme financier, l##interventionnisme militaire, l##aveuglement économique et technologique des Etats-Unis d##Amérique.
Europe et Obama
Selon Nicolas Sarkozy, l##Union européenne attend du président élu Barack Obama l##aide des Etats-Unis pour mener à bien trois “chantiers” : la réforme de la “gouvernance mondiale”, le développement des pays pauvres et la lutte contre le réchauffement climatique. Le chef de l##Etat français a précisé, à l##issue d##un Conseil européen extraordinaire organisé pour préparer le sommet du G20, qu##il avait évoqué ces questions avec le président américain élu jeudi soir par téléphone. Qu##il nous aide à mettre davantage de justice dans les affaires du monde, à modifier la gouvernance mondiale, à mettre l##environnement au coeur des priorités du monde”, a résumé Nicolas Sarkozy, à l##issue d##un Conseil européen extraordinaire organisé pour préparer le sommet du G20 la semaine prochaine. “Qui peut penser qu##on peut faire la révolution de la croissance durable sans les Etats-Unis d##Amérique?”, a souligné le président en exercice du Conseil européen.
Que le nouveau président américain soit aux côtés de l##Union européenne pour faire en sorte que la crise financière et économique actuelle ne “sacrifie pas les intérêts des pays en voie de développement les plus pauvres”. C##est ce que Nicolas Sarkozy a également souhaité. Il faut donc que l##Union européenne et les Etats-Unis soient “au rendez-vous des objectifs du millénaire” en matière de lutte contre la pauvreté dans le monde et de développement. “Voilà ce que souhaite l##Europe”, a ajouté Nicolas Sarkozy : “Travailler main dans la main avec les Etats-Unis d##Amérique comme deux alliés, comme deux amis, comme deux partenaires qui portent les mêmes convictions, les mêmes valeurs.”
Impérialisme américain
Dans ces conditions, les analystes posent la question: Barack Obama en finira-t-il avec l’impérialisme américain? L’élection de Barack Obama au poste de président des Etats-Unis constitue un véritable événement dans l’histoire de la démocratie. L’avènement d’un homme de couleur dans le pays que l’on a communément l’habitude d’appeler la plus grande démocratie du monde, souffle comme un vent d’espoir pour toutes les minorités en souffrance. En période de crise financière et de guerre en Irak et en Afghanistan, Barack Obama fait que plus jamais figure de messie pour toute une partie de la population américaine.
Ils ajoutent que la réalité sur le terrain et le passif laissé par son prédécesseur risquent en effet de limiter ses marges de manœuvre. Super-Obama, comme aiment le représenter les graffers, ne pourra pas retirer les GI’s d’Irak tant la présence des entreprises américaines dans cette région du monde est conséquente. Les lobbies des armes et du pétrole dictent à ce point les lois aux Etats-Unis, qu’il risque bien d’être impossible de gouverner sans eux. Toutefois, la lucidité délicate d’Obama et son ouverture sur le monde pourraient constituer la phase diplomatique de l’impérialisme américain initiée par George W. Bush et son administration. Ainsi, à la force et la brutalité des faucons républicains succéderait une diplomatie d’envergure permettant d’asseoir définitivement les forces sur le terrain. L’avenir international n’est sans doute pas complètement écrit ni même planifié, il dépend en partie de la capacité d’Obama à relever l’économie américaine en l’assainissant. Un chantier de taille, surtout qu’Obama n’entend pas réguler le capitalisme, ce qui risque d’avoir des effets désastreux sur l’économie mondiale et plus particulièrement sur les pays qui subissent déjà les émeutes de la faim.
Priorités du nouveau président
Lancement de grands travaux, relance à la consommation et réforme de l##assurance-maladie font partie des mesures promises par Obama pour aider les Américains à faire face à la plus grave crise financière que connaissent les Etats-Unis depuis 1929. Si Barack Obama a gagné, c##est d##abord qu##il est l##antithèse de George Bush, notamment sur la guerre en Irak et l##aide aux plus démunis. C##est aussi parce que les électeurs l##ont jugé plus apte à juguler la crise financière qui a plongé les Etats-Unis dans la récession et contaminé le monde entier. La priorité du nouveau président sera de stabiliser le système financier, avant d##assurer l##indépendance énergétique des Etats-Unis une « question de sécurité nationale », et de s##attaquer aux autres dossiers. Après vingt-cinq ans de déréglementation de l##économie et des marchés financiers, de plus en plus d##Américains, inquiets du creusement des inégalités, se sont remis à croire aux vertus d##une plus grande intervention de l##Etat. Barack Obama a promis un plan de relance d##environ 60 milliards de dollars (soit 47 millions d##euros), incluant aide aux collectivités locales et grands travaux (les routes du pays sont en très mauvais état).
Suspension des saisies de logements: «Il devrait aussi demander aux banques de suspendre quelques mois les saisies de logements, pour aider les victimes de la crise des subprimes » (prêts immobiliers obtenus par les familles à faibles revenus), précise Justin Vaïsse, chercheur à la Brookings Institution, à Washington. Compte tenu de l##urgence, le Congrès pourrait voter certaines dépenses, sans attendre la prestation de serment du nouvel élu. Obama espère aussi relancer la consommation grâce à des baisses d##impôts qui profiteront à 95 % des ménages.
Autre promesse: la réforme de l##assurance-maladie, dont 47 millions d##Américains sont privés. Si elle n##est pas reléguée au second plan par la crise économique, le Congrès devrait déjà voter, en janvier, une loi améliorant la couverture maladie des enfants uniquement. Quant à la lutte contre la crise financière, elle se mène au niveau planétaire. Aussi le président Bush a-t-il invité son successeur à participer au sommet des vingt pays les plus riches du monde à Washington, le 15 novembre. A l##étranger, la plupart des gouvernants fondent de grands espoirs sur le nouveau leader de la première puissance mondiale, qui, d##un coup, restaure l##image dégradée des Etats-Unis dans le monde.